JEAN COUY VU PAR...

RAOUL PRADEAU

DÉCOUVRIR

JEAN COUY VU PAR...

Enregistrement de l’interview de Jean Couy sur France Culture le 7 mai 1983

Retranscription de l’interview de Jean Couy dans l’émission radiophonique France Culture, Pont des Arts, présenté par Michel Bidlowsky, le 7 Mai 1983.

Mon atelier exactement, c’est celui de Jean Couy ; Jean Couy est un homme très curieux, c’est pas Magritte mais c’est une sorte de Magritte par certains côtés. C’est un homme de fonds de parcs, c’est-à-dire, un homme qui fait des paysages, on a l’impression que c’est le promeneur qu’on ne voit pas au fond du parc et pourtant il est là, écoutez ce qu’il nous dit de son travail:

Lire Interview Jean Couy 7/05/1983

ILS ONT ÉCRIT

André Salmon

״Mon cadet de si loin, hélas, Jean Couy me rend aux plus beaux jours de ma jeunesse, quand chaque visite d’atelier livrait la chance d’une découverte. Jean Couy me donne la joie de me retrouver tel que je fus aux premières heures de ce qui devint,par fatalité, une carrière : un poète écrivant de la peinture quand il reconnaissait la poésie chez ses amis les peintres. ״
Préface du catalogue d’exposition « Jean Couy », Galerie Breteau, 13 janvier 1950.

Alain Bourdon

״ Quarante ans de franche amitié. Quarante ans en compagnie de ses aquarelles, de ses lavis, de ses gravures, de ses gouaches et de ses huiles. Y a-t-il des mots – en résonance, en contre-point, en écho, des mots de derrière les tableaux, des mots pour dire les échanges qui se produisent, quand nous regardons, eux et moi ? Difficile question ! D’autant plus intimidante que, proche et lointaine à la fois,
l’œuvre de Jean Couy introduit tout de go, sans trucages, au mystère de sa création. (…) Sous ses ciels de la modernité, constellés d’exploits scientifiques, l’homme entend rouler les prémices d’orages apocalyptiques. Saisi d’une angoisse adamique, il proclame son innocence et sa foi dans l’esprit. La peinture et la poésie quêtent la délivrance dans la joie d’une enfance retrouvée. Un silence recueilli règne sur les paysages de Jean Couy, un silence où tout s’évanouit et où tout reprend vie, indéfiniment ״

(Alain Bourdon, Saint-Malo, octobre 1983.)

Bourdon Alain, « Jean Couy », Paris, l’Amateur, 1983.

Il écrit aussi en 1984 :

Jacques Leenhardt

״Jean Couy est un peintre subtil, et certainement aussi un des plus savants de ces années où l’art crut, parce qu’il savait devoir remettre en question les facilités de la sensiblerie que véhiculait l’abstraction lyrique ou gestuelle, que la seule voie qui lui était désormais ouverte serait celle de l’intellectualisme. (…) S’il est un artiste qui démontre que la théorie, en peinture, ne passe pas nécessairement
par les grands discours et les programmes déclarés mais bien par l’image, par un travail sur les catégories visuelles et non sur celles du langage et de la rationalité discursive, c’est Jean Couy. ״

(Jacques Leenhardt, hiver 1992.)

Leenhardt Jacques, « Jean Couy », Paris, l’Amateur, 1993.

Jean-Albert Cartier :   Jean Couy « paysagiste du mystère »

dans « aesculape février/mars 1962 »

JEAN COUY est un homme silencieux. Il vit retiré, à l’abri du bruit de Paris, des intrigues et des tumultes du monde des arts. «Je n’ai jamais peint pour vendre», dit-il avec un pâle sourire, comme pour s’excuser : «Peindre, ce n’est pas un métier.»

Lire Jean Couy paysagiste du mystère

Jean-Albert Cartier

15 ans de critique d’art pour Combat, de nombreux journaux et revues.
– Collaboration artistique régulière avec France Inter.
– Publication de nombreuses plaquettes ou ouvrages sur des artistes contemporains.
– Participation à la réalisation de plus de trente expositions pour le Musée Cantini de Marseille.
– Création des 4 premières Biennales de Paris 1959, 1961, 1963, 1965 et responsable de son Théâtre d’Essai.

J.L.Pradel : pour l’exposition à la galerie le soleil dans la tête 1977.

Un homme sans histoire . Une peinture sans histoire . Jean Couy est la discrétion même . Jaloux de sa liberté , de son indépendance , il préféra faire le professeur de « dessin » , comme on disait alors , à Rennes puis au lycée de Sceaux , plutôt que de faire le peintre .

Lire Jean-Louis Pradel en 1977

Raoul Pradeau :  Hommage à Jean Couy  dans « La jeune gravure » en 1985

…Diverses motivations peuvent conduire un peintre à la gravure . Pour Jean COUY , il ne pouvait s’agir que de continuer la peinture par d’autres moyens : de 1949 à 1983 les peintures et les gravures alternent régulièrement dans sa production , évoluent conjointement et présentent à chaque époque des rapports étroits – et qui le deviennent de plus en plus-à tous les niveaux de la vision des oeuvres…

Lire Hommage à Jean Couy 

Yves Dubreil : pour l’exposition « Images enchantées » à Saint-Maur  en 2008.

Jean Couy était un homme libre, merveilleusement curieux et particulièrement habile. Pour être libre de faire la peinture qu’il voulait et non celle qui se vendait, ils ont choisi avec Marguerite, son épouse, d’assurer le quotidien en étant professeurs de dessin. Jean ne tenait dans aucun cadre : ses amis couvraient tout l’éventail politique et toutes les classes sociales, du chef d’entreprise à l’ouvrier : l’essentiel était d’être authentique et sans complaisance.

….

Sa curiosité le poussait à connaître et à comprendre toujours plus, avec un petit faible pour les transports dont il a suivi les révolutions successives : il évoquait avec humour le bon temps de l’aérostation et des aéroplanes…

Lire Yves Dubreil

…L’oeuvre de Jean Couy est d’une richesse et d’une originalité si exceptionnelles qu’elle est inclassable et c’est comme telle qu’elle a été reconnue internationalement (biennales de Turin , Sao Paulo , Venise…), par les musées (d’Art Moderne à Paris , de Djakarta , collections de l’Etat et de la Ville de Paris…) et dans les salons (Réalités Nouvelles depuis 1958 , Jeune Gravure Contemporaine depuis 1950…) et dans de nombreuses collections en France et à l’étranger …

Jean Couy peintre & graveur 

Ariane Hudelet : 

Le médaillon rouge, 1973
Vu par Ariane Hudelet

C’est un œil, un objectif, une lorgnette ou un halo… Un médaillon, nous dit-on. Des contrastes nets, des couleurs tranchées – vert, rouge, orange, violet, gris, noir. Dans l’objectif, deux formes liées et pourtant distinctes, on ne peut s’empêcher d’y voir deux arbres aux troncs stylisé, l’un presque droit, l’autre anguleux ; deux formes aux angles aigus sur lesquelles de petites virgules sombres composent un feuillage sans que l’on ait besoin de feuilles. Les pointillés au pied du plus grand arbre semblent figurer quelques feuilles mortes ou évoquer l’inachevé, la suspension.  Derrière les virgules, des mouvements et des textures de couleurs étranges : grandes traînées horizontales violettes et mauves, amas mousseux beiges, bruns, parfois presque roses, qui donnent à ces deux formes aussi une valeur de ciels.

Le végétal et l’aérien fusionnent en effet : le ciel, est-ce le rouge et l’orange du soleil couchant figuré dans l’ovale parfait ? Ou le noir du fond, nuit déjà tombée ? On parle du rayon vert, cet ultime rayon du soleil avant qu’il ne disparaisse dans la mer, mais ici le vert appartient au paysage : pas de mer, trop cliché, mais une étendue sombre, profonde et mystérieuse, striée de grands traits verticaux, herbes folles, prairie nocturne sur un horizon infini et privé de perspective. Il y a du vert dans le noir, du noir dans le vert, et les contours qui semblaient si nets se révèlent flous, et le médaillon prend le caractère fugace, vibratoire, légèrement irréel, de l’image de la longue vue (à l’optique si puissante qu’elle parvient à débusquer le coucher de soleil au-delà de la nuit déjà tombée…) ou de la  lanterne magique du peintre qui, à travers cette image apparemment si découpée, si géométrique, évoque le mouvement, la légèreté de la lumière, le proche et le lointain rassemblés en une seule image.

Galerie « Convergence » à Nantes

Dans « La gravure » par Jean-Eugène BERSIER ( édition Berger-Levrault) :

JEAN COUY

La finesse était assurément le trait dominant de la personnalité de Jean Couy .
C’est elle également qui marque son travail de peintre dont une association veut aujourd’hui faire mieux connaître l’ampleur et la diversité.